Est-ce que le déclenchement d’un accouchement a des conséquences sur le développement du processus de maternité ?
Quel sens la femme donne aux techniques ?
Le paysage obstétrical a vécu un profond remaniement ces 30 dernières années. De nouvelles techniques et prises en charge maternelles ont vu le jour et ce sont généralisées.
Comme tout changement, elles ne sont pas sans conséquences. On peut s’interroger sur : comment la femme intègre-t-elle ces nouvelles techniques dans son vécu de l’accouchement et quelles répercussions celui-ci a-t-il sur le devenir de son identité de mère ?
Quelques constats :
Aujourd’hui, parmi les grossesses physiologiques, nous assistons à de plus en plus de déclenchement des accouchements. En France de 1972 à 1995, la fréquence des déclenchements a varié de 8.5 à 20% avec une disparité importante suivant les régions et les établissements d’après la Conférence de Consensus organisée par le Collège National des Obstétriciens de France (CNGOF) en 1995 . En 2003, l’accouchement est déclenché dans 1/3 des cas et sous péridurale dans 60 à 70 % des cas comme on peut le lire dans les Dossiers de l’Obstétrique ’ .
Le déclenchement de l’accouchement représente une décision médicale dont l’objectif est d’obtenir l’accouchement en induisant le travail par des techniques adaptées et sous surveillance stricte. Il s’agit donc d’une induction d’une activité contractile artificielle par perfusion intraveineuse d’ocytocique principalement.
La medecine de l’obstétrique a permis une avancée considérable de sécurité ( taux de mortalité materno-fœtale en baisse considérable). Toutefois, quel sens la femme donne au vécu de son accouchement dans ce contexte médicalisé généralisé ?
Nous constatons que plusieurs études explorent les conséquences médicales des nouvelles pratiques obstétricales mais interrogent peu les variables psychologiques.
Méthodologie :
Question de recherche : Est-ce que le déclenchement d’un accouchement a des conséquences sur le développement du processus de maternité ?
Nous proposons de comparer deux populations distinctes :
• les femmes ayant vécu un accouchement déclenché
• les femmes ayant vécu un accouchement naturel à terme ou après terme par voie basse. Donc sans déclenchement
Il s’agit d’exclure toutes femmes ayant eu un déclenchement pour des raisons médicales avérées (ex : présentation du bébé par le siège) ainsi que les accouchements prématurés.
Pour constituer nos populations, nous récolterons les informations anamnésiques nécessaires au travers d’un questionnaire anonyme diffusé à grande échelle dans le milieu de la périnatalité par voie informatique principalement.
Hypothèse générale 1 : Les femmes qui ont un accouchement déclenché ont moins de contrôle perçu durant l’accouchement que les femmes non déclenchées.
Nous proposons de vérifier cette hypothèse sur l’ensemble de la population au moyen du LAS ( Labour Agentry Scale ) qui sera adjoint au questionnaire anamnésique.
Hypothèse opérationnelle 1 : le score obtenu au LAS 10 est inférieur lorsque les femmes ont eu un accouchement déclenché par rapport aux femmes qui ont eu un accouchement non déclenché.
Hypothèse générale 2 : Les femmes déclenchées avec un contôle perçu faible pendant l’accouchement ont plus d’éléments du discours centrés sur des préoccupations externes (ex : organisation familiale, professionnelle … ) par rapport aux femmes non déclenchées avec un contrôle perçu elevé qui relatent plus d’éléments du discours centrés sur des préoccupations internes (ex : sentiment de responsabilité, répondre aux besoins de l’enfant, capacité à différer ses envies…)
Nous proposer de vérifier cette hypothèse avec quelques ENDR ( entretien non directif de recherche )
L’hypothèse opérationnelle 2 sera formulée lorsque les outils d’analyse seront choisis (Alceste, analyse de contenu).
Mélinda TEXIER & Sandra LEFEVRE
Mémoire de Recherche sur deux ans en binôme supervisé par Mme Stacey CALLAHAN Enseignant chercheur Professeur des Universités à Toulouse II Le Mirail.